La Révolte des Crabes 1

(UN PAS DE CÔTÉ POUR COMMENCER...)

 

 

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- - - LITTÉRATURE ADULTE - - -
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Dépôt Légal : FIN MARS 2008

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La Révolte des crabes
 
N°1
EDITO

 

Pourquoi ce titre, La Récolte des Braves,
me direz-vous : allez savoir !

Les titres ne sont après tout qu’honorifiques et ne font souvent que déguiser ceux qui l’habitent.

Ce n’est même pas la peine d’essayer de
nous tailler un costume ou un uniforme…

Il y aura dans cette revue autant d’opinions, de nuances que de rédacteurs et encore :


A raison de deux pinces par personne et parfois trois casquettes pour un seul Homme, nous aurions nous-mêmes du mal à expliciter notre rôle au sein de ces pages !

Alors, oubliez un temps qui nous sommes pour entendre ce que nous tentons d’être ou de dire.

 

 

 
La Révolte des crabes
 
N°1
Marc SYREN

 

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Journal
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Tiens une lettre de Pierre lever trop matinal elle traîne la banlieue que choisir sinon l’offrande du présent être inventif avant tout en avant le programme de la forêt vos mains et les vocalises de l’inespéré soleil de retour comment vous accoster un lion en cage moi dans mon univers cadenassé par la fatigue par la mort de mon corps houba houba hop je fais appel à l’enfance pour renaître en ce moment je suis sur une terrasse au bord de la mer je me tiens à l’affût de chaque festin aussi fêterons-nous bientôt l’anniversaire de la première fois robe de velours corsage noir grains de bonté un peu partout en avant la musique tous mes sens sont dressés je pars à la chasse une fenêtre une ouverture un château de sable une fée c’est vous belle comme un premier jour silence.

 

Journal, 4 juillet 2002.


___________________________


Se coltiner l’Autre toujours là où l’on ne l’attend pas dimanche musique lectures elle est là je jardine Soleil voilà s’arracher à la torpeur cruche d’eau pour viatique le bonheur est dans le pré fatigué sans doute quelle maison recevra ma requête ô solitude je suis l’Esseulé rien ne sert de se plaindre j’échapperai à la malédiction vite un poème bleu Perros convoqué au pupitre de la chance qu’écrire sinon la clarté du giboyeux la vie est courte dormir dormir revenir à l’enfance je rejoins le phalanstère rien à la mode parler avec son gros orteil je choisis la turbulence des humeurs pour ligne de vie pas d’autre félicité qu’un trait de lumière douce sur votre visage j’ai soif la terre tourne nulle obédience seule la tendresse tutoie le sommaire du verger.

 

Journal, 26 mai 2003.


___________________________


L’amour de retour of course ouf Soleil voilà lettres de J.-M.  Scanreigh et de M. Pandolfo à quand la grève générale rouge est la vie vers quel poteau d’angle le siècle demeure barbare je n’ai pas oublié de parler à mon cordonnier de l’âme hier comment se libérer je suis prisonnier de mes phantasmes j’écris un point c’est tout vive ma petite enfant Marie si intelligente et prévenante j’attends au moins un gros chèque se dérider s’ouvrir bivouaquer expurger le ciel me touche la tête rien à payer seule la modération aura mon aval je prie cela monte j’espère aucune entourloupe repos cet après-midi couvre-moi de baisers ma petite alouette des neiges danser sur le pont vivier d’images vers quelle responsabilité je donne mon temps à la poésie elle me le rend bien mille merci.

 

Journal, 27 mai 2003.

 

 

Marc SYREN  
1  

 

           

 La suite dans la Revue n° 1 ...

 

 
La Révolte des crabes
 
N°1
Jacques-Henri CAILLAUD

 

 

 

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Poèmes issus du recueil
L'EXIL DE L'ÉTÉ
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Quand la vie n’est plus que blessure
Champ de ruines rivage aux lèvres amères
Si peu infléchit l’exil de la nuit :
L’éclair d’un sourire
Le bras d’une femme effleuré
À travers une robe amicale
Le rite du café
Animant le matin des collègues
Leur buée de paroles légères.
Tel un papillon
Le monde entrouvre ses couleurs
Puis referme ses ailes
Ternes et grises.


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Le Café

En ce café qui bruit de feuilles mortes
Je rêve les corps les visages
À travers la vitre du temps :
Un jeune homme aux mains comme une gerbe
Dont voleraient quelques roses
Chaque matin
Sans espoir
Par-delà le mur d’un château.
Une voix captive de femme
Tourbillon de gestes noueux
Où règne
Veillant peut-être un enfant malade
L’angoisse et la peur.
Près du comptoir
(Le carmin en ses lèvres coule pour un baiser)
Une fille dédie ses cuisses offertes à un étudiant désœuvré.
Je suis seul maintenant parmi les rires
Les volutes grises à l’odeur de miel.
Temps lointain
La salle chavire vers la haute mer.


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issu du recueil
LE VISIBLE ET L'INACHEVÉ
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Comme un diamant
Un éclat noir dans le silence
Une ébauche d’image
Un rêve d’enfant
Et je me vois
Penché sur cette terre obscure
La recueillant dans mes mains impatientes.
L’implorant
Pour que jamais ne cesse
Le lilas près du mur noirci
Le lys blanc solitaire en cercle de lumière
Et le printemps du cerisier qui toujours m’apparaît
Comme une robe de Mariée fleurant l’aube
En ce jardin.


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issu du recueil
TOURMENTS CHEMINS OBSCURS
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LE FRÔLEUR


Dans la salle obscure, les sens en émoi, il frôle le genou d’une inconnue. Il respire à peine, désir s’alliant au remords, immobile, comme si le hasard seul accentuait sa pression légère. Instants suspendus à l’éternité.

Sur l’écran, un homme presque sans visage erre à la rencontre de lui-même. Oiseau au plumage défait, sa quête le porte à d’anciens rivages : sa femme aimée dans la lumière du matin.

Sous la jupe, sa main masse les cuisses, fiévreusement, se faisant plus précise. Frémissement d’un corps qui se refuse puis s’abandonne. Le sexe s’épanouit sous ses doigts souverains en va et vient liquide comme l’or d’un ruisseau.

Film où derrière une cloison de verre, l’éclat des yeux fardés, un rouge à lèvres ardent invite aux fêtes obscènes. Incrédule il scrute son visage. Il imagine : devant sa femme, des verges turgescentes ruinent son espoir. Il se souvient : la fraîcheur de sa voix, son innocence, son enjouement que dément désormais son air égaré.

Le slip de l’inconnue glisse dans la pénombre.


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poème inédit
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Nos corps se dressent à la lumière
À travers les rideaux transparents
En d’intimes transports
Pour les voisins qu’enchante ta vigueur sauvage.
Ton sexe s’épanouit comme une fleur d’été
Tes seins sont dressés pour l’offrande
Que ma bouche apprivoise
Aux saveurs de tilleul ou de magnolia.
Sur ma hampe érigée
Ta main se glisse experte et tendre.
Le pétris la vallée des plaines ruisselantes
Je m’enivre
Au sillon que prolonge la courbe de tes reins ;
Mais tu refuses
D’adoucir le jour qui décline
L’ardeur qui m’envahit
Aux franges de l’ivresse.
Car tu reprends ce jeu sensuel où tu dérives
En dépit des caresses où vibre ton désir
Libre de notre alliance et de nuit consumée.

 

           

 La suite dans la Revue n° 1 ...

 

 

 
La Révolte des crabes
 
N°1
Julien FERARD


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LE PLAFOND
Nouvelle
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J'ai remarqué ça hier : le plafond de l'appartement à tendance à baisser. Chaque jour, il descend un peu. Comme il va très lentement, je me suis dit que ce n'était pas grave. Mais quand même, ça commence à me tracasser un peu...

D'abord, ma femme ne m'a pas cru. Alors j'ai pris un mètre, et je lui ai montré : quelques millimètres par jour. Après quelques jours de doute, elle a fini par se rendre à l'évidence.

« Mais puisque c'est très lent, il ne faut pas s'inquiéter » a-t-elle dit.
N'empêche, je me demande quand même ce que ça signifie. Alors j'ai mené — discrètement — mon enquête dans l'immeuble. Les voisins de palier n'ont rien de semblable. Bizarre ! Pourquoi serions-nous les seuls à avoir ce problème ?

Je suis monté à l'étage pour voir le voisin du dessus.
J'ai sonné :
« Bonjour, je suis votre voisin du dessous.
— Moui...
— Je voulais savoir si vous aussi vous aviez des problèmes avec les pigeons sur votre balcon », etc.
Et pendant ce temps, je regardais son plancher. Il n'avait pas baissé d'un centimètre. Rien à faire. On a donc attendu que ça s'arrête.

Hier, le plafond à commencé à peser sur la grande étagère du salon. On avait déjà enlevé tout ce qui traînait dessus : un vase, des vieux magazines, etc.
Chaque jour, on la voit ployer davantage.

Ça y est, elle a cassé. On a jeté les morceaux et recasé les livres, les C.D. et les D.V.D. dans la chambre. J'ai appelé l'assurance. Pas moyen de leur faire entendre quoi que ce soit. Nous ne sommes pas assurés contre un plafond qui baisse. Contre l'incendie, contre le vol, contre l'inondation, contre les tremblements de terre, contre tout ce que vous voulez, mais pas contre le plafond qui baisse. Ils n'ont même pas voulu se déplacer pour constater.

Entre temps, le bruit que notre plafond baisse s'est répandu dans l'immeuble. Prendre l'ascenseur est devenu un calvaire. Les sourires aussi bien que les regards compassés me sont insupportables. Certains nous évitent.

Nous ne sommes pas des idiots, ni des pestiférés ! Si notre plafond baisse, ce n'est pas notre faute. J'espère que ça ne va pas s'apprendre, au bureau. L'autre jour, le concierge est venu voir ma femme. Il l'a presque disputée : « De quoi j'ai l'air, moi » disait-il « avec un appartement dont le plafond baisse dans mon immeuble. Arrangez-vous pour que ça cesse. » C'est un marrant, lui !

[...]

 

Julien FERARD
1

 

           

 La suite dans la Revue n° 1 ...

 

 
La Révolte des crabes
 
N°1
Nina KOLAREK

 

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Poèmes issus du recueil :
LA FLAQUE DU JOUR
(le roucoulement des heures)
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Le ciel n’est plus que de la brume
et l’espace de l’eau

Paul Claudel   
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Les heures tombent
les unes après les autres
toutes
et
la nostalgie
qui croît
prend toute la place.


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Dans ta vaste
solitude
sans ombre
le jour s’est levé,

nimbé d’or !


___________________________


Tu voudrais te rappeler
laisser ta tête
aller en arrière,
t’en souvenir.

Chercher
parmi les couleurs d’antan
les mains familières
que tu aimais tant,
les mains familières !
T’en souvenir.

Itanhaèm.
Le râle rauque de la mer
ton ciel étoilé
et si noire la nuit !
T’en souvenir !

Tout ce qui te fut un jour si proche
et familier,
quasi intime.

Tu voudrais saisir
pour nommer.
mais, tout
t’échappe
et demeure flou
et ton ciel,
inconsolé.


___________________________


La beauté du jour
me fit
la grâce
d’un souvenir de gaîté.


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Solitude,
regardons-nous encore dans les yeux,
il y a tant de choses !


De la fenêtre,
j’ai vu l’oiseau
et la configuration scintillante
des toits de la ville.
Tant de choses !


Et du lointain, me parvient
le son clair des églises pointues.

 

Nina KOLAREK
1

 

           

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La Révolte des crabes
 
N°1
Martin ADAMIEC

 

 

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issus du recueil
CHEMIN DES VITALITÉS
Poèmes
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que JE me souvienne
le monde était un puzzle
trois pièces, cuisine, salle de bains
bâti avec soin

mes mains de souvenir
cherchant la fraîcheur
des carreaux de lino,
chaleur vibrante entrant
sans rideaux de fenêtre

nous mettions en bouche
nous mettions en pièce
ombre et lumière

maître encore des règles du jeu


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que TU te souviennes
le monde n’était pas fréquentable
à l’adolescent transi
pour avoir oublié
et la règle et le jeu

taciturnes visages défunts

inconsistance de sable
orpheline de sa roche


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qu’ IL se souvienne
à l’heure étourdissante des choix
les ânes broutaient les clôtures
et les captifs
ne s’échappaient pas des enclos


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souvenons-NOUS
le ciel tranquilisait la terre
confortable appuie-tête
pour une amnésie du sang


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VOUS conjuguiez vos efforts

     en vain

l’amertume dégoûtait des plantes


___________________________

 

qu’ILS se souviennent
ils héritaient une parcelle du monde

tout va à présent

à se battre
juste la blessure
qui ne se referme jamais

 

Martin ADAMIEC
1

 

           

 La suite dans la Revue n° 1 ...

 

 

 

 
La Révolte des crabes
 
N°1
Pierre ZEIDLER

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SYMPHONIE SUDISTE

N o u v e l l e
___________________________


Grand-père ronflait la tête appuyée contre le tourne-disque, la bouche grande ouverte. Tout le monde tirait une tronche écœurée en apercevant les infâmes chicots jaunes et cariés qu’il refusait de se faire arracher, prétextant une couverture sociale insuffisante alors qu’il avait simplement la trouille.

- Mamy, pourquoi Papy il a la gueule pleine de trucs dégueulasses ? a demandé Hermine, une saloperie de gamine qu’on empruntait à la voisine chaque fois que celle-ci moisissait en cellule de dégrisement.

- Parce que c’est un sale con… a répondu grand-mère à qui personne n’avait jamais marché sur la langue.

Grand-mère en était à son deuxième flacon de happy fireman, un bourbon de merde qui filait la chiasse et des hémorroïdes grosses comme des balles de golf, mais elle tenait bon, la vioque, à trois flacons par jour. Fallait bien ça pour nous supporter vu qu’on a jamais été des enfants de chœur, putain non.

Ce soir-là c’était Noël, et Gros-Tas s’était fait trouer par une bastos l’après-midi même alors qu’il chourait une dinde chez les Burnstone. C’était Lapin-Couillu, l’aîné de cette meute de finis-à-l’urine qui l’avait aligné. Gros-Tas, c’est mon frangin, enfin, notre frangin vu qu’on est dix à nous être faufilés le jour maudit de notre éjection d’entre les vergetures de notre pute de mère, et quand je dis pute de mère, c’est pour pas dire sainte. Gros-Tas couinait comme un rat qu’on aurait cousu du cul dans la pièce voisine et nous, on essayait de célébrer l’anniversaire de not’ Seigneur dont chais pus exactement le nom. J’vous explique pas le bordel. Papa essayait de nous faire chanter, mais autant demander à un serpent à sonnette de faire le beau.

[...]

 

 

Pierre ZEIDLER
1

 

           

 La suite dans la Revue n° 1 ...

 

 
La Révolte des crabes
 
N°1
Lionel CHETRET KATZO

 

 

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Poèmes issus du recueil
FOUCHTRE
___________________________


Comment ne pas vous toucher
Belle contre vous
Je ne vois ici aucune exception
Juste votre âme qui coule sur votre peau
Et vous drôle même vous huilant
Du masque le corps
Ne me faites pas obstacles
De voir que de beauté.

Bien vous l’éloignez même
Cette si douce personne
Comme vous jouez
Au dompteur du vide
Sur vous cherchez emprise.

Mais pire est peut-être
Que vous ne regretterez jamais
Car les onguents ont la fortune
De donner au moi
L’illusion du jeu nous.

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Il sera bientôt l’heure
Comme le font tant
Que moi aussi
Pour ne pas être de reste
Les autres humanités
Tripotant les touches lustrées
De leur mobile appareil

J’en vienne à toucher le mien
Un peu partout en marchant
Assis dans le tramway ou sur un banc
Qu’aussi je le sorte pour écouter
Le goût des diverses sonneries
De ses manustuprations
Mais rien n’est moins aisé
Et Casanova le sait
Debout dans le vent
Le bout dans le gant.

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J’habite des planètes d’amour
Tellement sensuelles
Que je me pénètre d’humanité

Je suis les animaux
Pour ne pas perdre mes racines
Et je voudrais effeuiller
L’arbre de vos habits
Pour jaillir des fleurs des boutons
Des culottes et fessées

Je crois que j’ai mal animal
À être si peu domestique
Que je niche au perchoir des bizarres
Le long des berges cueillant fruits
Aux vergers déserts

Même si les arabes libres
Tuent encore le mouton
Je broute à l’ombre des arbres
De l’herbe des pâtures
La poésie du jonc du chêne et du gland.


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À la lisière de l’ombre et de lumière
Je serpente le monde sentier
En quêtes de surfaces de contact
J’y colle ma peau
En écoute des battements l’univers
Sans apprendre j’y lis mon être
En mon âme sans conscience

La lecture par les pieds
Et mes membres s’allongent
Pour de vie courir à présent et à fleur

J’ouvre mes lèvres
Respire du temps
Et tout goutte autour
Comme les baisers du soir font venir les étoiles

Je suis la langue du plaisir
Contre le mur de l’indifférent.

 

           

 La suite dans la Revue n° 2 ...

 

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